Une histoire de plus de 1500 ans !

Dol se situe aux confins de la Bretagne, de la Normandie et du reste de la France, et cela avait autrefois une grande importance. Parcourir la ville, c’est vivre son présent et pénétrer son passé.

 
LA PRÉHISTOIRE DANS LE PAYS DOLOIS
 
70 000 ans avant notre ère, lors d’une période glaciaire, la région est recouverte par une steppe ou toundra (mousse, lichens, bruyères, graminées diverses).
Ce paysage, de type paléo-arctique, permet la vie de nombreux animaux et la subsistance d’un être du type de l’homme de Neandertal. En 1872, des fouilles sur le site du Mont-Dol permettent de retrouver la trace de cet homme et de son cadre de vie : camp, abattoir et restes d’animaux (mammouths, lions, loups…).
 
 
 

LE MENHIR DU CHAMP-DOLENT
 
La civilisation mégalithique sera particulièrement  développée dans l’ouest de la France.
 
A Dol, le menhir du Champ-Dolent, haut de 9,30 m, est un admirable témoin de cette période. Situé à un kilomètre au sud-est de la ville, c’est le plus grand des menhirs d’Ille-et-Vilaine (men : pierre, hir : longue) et l’un des plus beaux de Bretagne.
 
    Le menhir du champ dolent

 
  
LES ORIGINES DE DOL
 
La fondation définitive de la ville de Dol et de son évêché remonte au VIe siècle, sous l’égide du moine-évêque Samson, avec l’appui du roi breton Judual.
Cette fondation est liée à l’importante migration de personnes chassées de Grande-Bretagne par les barbares. Ce qui engendra de petits royaumes indépendants composant la  petite Bretagne. Ainsi est fondé le royaume de la Domnonée où abordèrent plusieurs moines qui guideront le destin des Bretons. La mémoire des sept saints fondateurs est encore vénérée. Parmi eux : Malo, Brieuc et Samson.

  
 
 
SAINT SAMSON
 
 
 
Samson appartient à la Galles du sud. Il arrive dans notre contrée vers l’an 548 avec un groupe d’immigrés, abordant à l’embouchure de la rivière du Guyoult. Il se met aussitôt en quête d’un emplacement propice à la fondation d’un couvent et trouve un puits entouré de broussailles.
La place paraît favorable. Elle émerge des marécages voisins et domine un cours d’eau. Le lieu est pauvre mais des familles gallo-romaines sont déjà établies. Evangélisateur, Samson n’arrive pas par hasard dans cette contrée. Sa mission est de planter sa crosse dans ce lieu de culte païen !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
On doit à Samson l’organisation de la vie religieuse dans la plus grande partie de cette contrée naissante. Il se mêle aussi de politique et fait libérer Judual, le roi légitime de la Domnonée. Lorsqu’il meurt (le 28 juillet 565, date liturgique), son tombeau est immédiatement l’objet d’une grande vénération et de pèlerinages.
   
 
                                                                            
 
 
 
L’avènement de Nominoë :   
Dol devient métropole de Bretagne
 
La notoriété du monastère dolois s’accentue au IXe siècle. Nominoë,  noble vannetais et « prince de Bretagne » se révolte contre le roi des francs, Charles le Chauve qui occupe le territoire.
 
  
Par ses actions militaires (843-845), Nominoë forge une nation forte et devient le maître incontesté de la Bretagne. En 848, il instaure sa propre province ecclésiastique avec une métropole indépendante, donc rivale de celle de Tours. Et cette métropole, ce sera DOL, ville qui devient alors par ce titre, le plus important des diocèses bretons.
 
 
 
La longue querelle des métropoles
 
Avec la naissance de la métropole doloise débute une longue querelle qui durera trois siècles et demi, entre l’archevêque de Tours (ancienne métropole) et les archevêques dolois qui défendent leur nationalité et leur indépendance religieuse. En 1199 le pape Innocent III proclame une sentence « définitive et sans appel » ! – Les évêques bretons doivent obéissance à l’archevêque de Tours. C’est la fin des prétentions de l’Eglise de Dol. La mainmise du pouvoir royal et du pouvoir papal sur le duché de Bretagne vient de se concrétiser.
 
 
 
 
  •  
     
    Les premières incursions normandes (Vikings) apparaissent au début du IXe siècle et ne cessent de s’amplifier (914-930). Le clergé dolois quitte la région en emportant les reliques de saint Samson et de saint Magloire.
    De nombreux combats, de nouvelles incursions se succèdent en Bretagne. Dol est encore prise et ravagée en 944, 996, 1014, 1030, 1064, 1065.
    Dans la seconde moitié du XIe siècle, l’archevêque de Dol Guinguené se souvient des raids des Vikings.
     
     
       
     
    La tapisserie de Bayeux
     
    Il entreprend de réorganiser son domaine temporel, fonde la seigneurie de Dol-Combourg  et fait édifier un château qu’assiège en vain Guillaume le Conquérant en 1076. Guillaume est duc de Normandie (1035-1087)  puis roi d’Angleterre (1066-1087) et est entré en conflit avec le duc de Bretagne Conan II. En 1086, il échoue encore devant les remparts dolois.
     
  •  
     
     
    En 1164, le duc de Bretagne Conan IV est en lutte contre ses seigneurs bretons. Il prend Dol et Combourg. Les luttes n’en finissent pas et en 1169, la famine et la ruine sont générales.
    En 1173, le donjon de Dol est assiégé et pris par les troupes du roi d’Angleterre. Le siècle se termine par la perte définitive du titre de métropolitain pour l’évêque de Dol (en 1199, voir précédemment).
    Dès ce XIIè siècle, on mentionne à Dol un corps constitué de Dolois, nommé plus tard « les bourgeois et habitants de Dol », précurseur de la  municipalité de Dol.
     
      
     
        Le sceau de Jean de Dol (1147)
  •  
     
    Le sceau de Jean Mahé
     
    En 1203, les routiers de Jean sans Terre brûlent la cathédrale romane tout juste achevée et enlèvent les reliques des saints.
    En 1223, l’évêque Jean de Lisanet récupère les reliques. Elles contribuent, par la remise en valeur des pèlerinages, au financement de la nouvelle cathédrale gothique que le prélat entreprend rapidement. En 1265, l’évêque Etienne est le premier à être inhumé dans le chœur à peine achevé. Son successeur, Jean Mahé, le premier à y être élu (5 janvier 1266).
       
  •  
     
     
     
    L’évêque Thébaud de Moréac paraît à Dol le 17 octobre 1301. La période est encore troublée. Il rénove les fortifications et renforce son château-manoir épiscopal par la construction sur sa partie est, d’une forte tour dont le premier étage est carré, le second octogonal et le troisième rond.
    La « tour de Moréac » va subsister, quoique bien ruinée, jusqu’en 1751.
     
     
        La tour de Moréac
     

     

    Dol pendant la guerre de succession.

     

     
    Le duc Jean III est mort en 1341 sans laisser d’héritier. Une querelle de succession se transforme en guerre  franco-anglaise.
    Deux prétendants au trône ducal : Charles de Blois, soutenu par le roi de France, et Jean de Montfort, appuyé par les troupes anglaises font de la Bretagne un champ de bataille.
    En 1351, les Anglais ravagent les environs de Dol mais sont défaits par Du Guesclin. Les fortifications consistent en quelques retranchements fortifiés. Il est urgent de ceindre la ville de remparts capables de protéger l’église-cathédrale, le château et la cité.
     

     

    et la guerre de cent ans.

     

     
     
     
    La ville souffre beaucoup pendant la guerre de Cent Ans car les ennemis font des ravages, volent le bétail et les habitants. L’activité commerciale est en sommeil. L’absence des pèlerins se fait sentir. Les ressources s’épuisent. Les évêques-comtes de Dol vont travailler à rendre au pays sa réputation et sa prospérité.
     

     

  •  
    En 1404, l’évêque Etienne Coeuret réédifie le château (au sud de la cathédrale). C’est le début de la reconstruction des défenses doloises.  
     
     
    La grande tour des Carmes
     
    L’enceinte fortifiée se déploie autour des faubourgs sud et est. On y adapte une architecture correspondant aux nouveaux procédés militaires et principalement aux progrès du canon.
    S’élèvent alors les tours des Bourgeois et de Saint-Michel, la petite et la grande tour des Carmes. On épaissit la maçonnerie qui est percée de canonnières ou de bouches à feu, on édifie des mâchicoulis et on renforce les courtines.
    La porte Saint-Michel assure l’entrée et la fermeture de la ville à l’est. Celle de Notre-Dame, flanquée de tours, en assure l’accès ouest.
     
    En 1487, les démêlés du duc de Bretagne François II avec le roi de France amènent les troupes de Charles VIII sous les murs dolois. Les troupes françaises s’installent dans la cité.
    Pourtant la ville n’est qu’une simple place de guerre, mais elle est stratégique à l’entrée de la Bretagne.  
     
     
     
     
    Les mariages d’Anne de Bretagne avec les rois de France Charles VIII puis Louis XII annoncent le rattachement de la Bretagne à la France. Peu après, Claude, fille aînée d’Anne, épouse le roi François 1er. Le traité d’union de 1532 met définitivement la Bretagne dans le giron français.
     
     
  •  
     
    Thomas James (évêque de 1482 à 1504) s’applique à réparer les maux de la guerre. Il relance les marchés et introduit en France l’art italien. Il a mérité d’avoir pour tombeau dans la cathédrale, un pur chef-d’œuvre de la Renaissance.
    Son successeur, Mathurin de Plédran (évêque de 1504 à 1521) entreprend la reconstruction de la tour nord de la cathédrale. François de Laval (évêque de 1528 à 1555) se consacre à la décoration de la cathédrale. Il fait aménager le trône épiscopal qui complète les superbes stalles du XIVe siècle.
     
    La Ligue
      
    En Bretagne, le duc de Mercoeur rêve de rétablir un Etat breton, catholique et indépendant. L’évêque-comte de Dol, Charles d’Espinay, est un des premiers à s’attacher à la Sainte Union contre le roi de France Henri III. A Dol on s’organise, on rafraîchit les murailles, on achète de la poudre et des canons, on se relaie pour monter la garde sur les remparts.
     
     
       
    La mort d'Antoine d'Espinay
     
    Une épée pour goupillon !
     
    Le 7 janvier 1591, Antoine d’Espinay, gouverneur et frère de l’évêque, est tué dans une embuscade. L’évêque-comte de Dol  prend alors l’épée et jure d’assurer à son tour la défense de la cité. Mais le prélat est affaibli et meurt le 12 septembre. Tant que dure la Ligue, la région est dévastée par les troupes royales. Enfin, Henri IV se convertit au catholicisme.
    Tout rentre dans l’ordre mais la Bretagne est dans un état pitoyable !
     
  •  

    La rancœur du roi Henri

     

    Les Dolois refusent et au contraire, renforcent l’enceinte. Puis la ville subit d’autres désastres comme la peste, la rupture de plusieurs digues, des tremblements de terre, de fortes chaleurs et autres phénomènes peu cléments de la nature.

    En 1601,  Henri IV, qui a gardé un mauvais souvenir de la résistance de Dol pendant la Ligue, exige le démantèlement des remparts.
     
     
      
       
    Le grand sceau du chapitre
     
     
    Adversité et indigence.
     
    La guerre de Trente Ans puis la guerre civile du temps de la Fronde n’épargnent pas les habitants, obligés de loger des soldats. En 1649, la situation financière est dramatique.
    Antoine de Révol, évêque de 1603 à 1629, intervient pour soulager la misère de son peuple. Mais la ville est malsaine, on manque d’hygiène et les fièvres déciment la population. Elles sont fatales à l’évêque lui-même.
     
     
    Assainissement et hygiène.
      
    Philippe, frère de l’évêque Mathieu Thoreau (prélat de Dol de 1661 à 1692) est le « grand chantre » de la cathédrale. Déterminé et ambitieux, il deviendra gouverneur de la ville et  il va s’occuper de l’aménagement du service d’eau.
    L'édification en pleine « Grand’Rue » d’une fontaine publique, la « fontaine Thoreau » est un exemple de l’effort d’assainissement engagé par la cité. Les travaux sont modestes, mais ils sont pourtant les prémices d’un autre siècle qui va métamorphoser la ville. Ce sera l’œuvre des derniers comtes-évêques.
     
     
     
     
       
     
    Les armes de Mathieu et Philippe Thoreau
     
     
     
     
     
     
  • Voici le siècle des transformations. L’esprit pratique, l’urbanisme, la salubrité, la gestion des affaires et l’économie tendent à passer aux mains des laïcs. La population atteint 3 600 âmes en 1792. Lourdement chargée d’impôts et de taxes, elle s’exprime et réclame plus de justice et d’égalité. Le feu couve ! Dans ce contexte, la pleine adhésion aux promesses de la Révolution de 1789 est inéluctable.
     
    L’éclatement.
    La cité prend des mesures radicales. En 1762, on rase l’éperon devant la porte Notre-Dame et on jette  les pierres et les terres dans le cloaque, ce « tout-à-l’égout à l’air libre » qui serpente et qui tue.  Une bonne partie des remparts subit le même sort, car leur entretien est trop coûteux et devenu inutile, face aux puissants armements.
    Puis les portes de la ville disparaissent et les douves sont comblées pour assurer la fluidité des déplacements et l’assainissement des rues.
     
    Heureusement, le rempart nord et quelques éléments et tours au sud sont conservés : tour des Carmes, tour de la Motte, tour de la Prison, de la Barcane…
    Effectué en partie officiellement, le démantèlement des remparts permet aussi aux Dolois de se servir des pierres pour leur usage personnel. Il s’en trouve beaucoup dans les constructions du XVIIIe siècle.
    Jean-François Dondel, avant-dernier comte-évêque (1748-1767), remplace l’antique château de Dol pour par un superbe palais épiscopal (1753-1754).
     
     
    Urbain-René de Hercé, dernier évêque-comte de Dol (1767-1790), poursuit la transformation de la cité. On pave les voies et on dégage les places (1770-1780). Les faubourgs se développent.
     
  •  
    Les Dolois applaudissent à la prise de la Bastille, mais la majorité d’entre eux répugne à l’application des lois révolutionnaires. Le départ de leur évêque, la chasse aux nobles, les coups portés aux monuments civils et à la cathédrale, la suppression des corporations et l’administration de la ville par des fanatiques provoquent plus de désarroi que d’enthousiasme.
     
    L’aspect de Dol est bouleversé. Situées au centre de la Grand’Rue, la halle au blé avec à l’étage son auditoire (sorte de « mairie »), les halles à la viande et au poisson, la fontaine Thoreau ne sont plus qu’un souvenir. Les couvents des carmes et des bénédictines sont fermés et leurs occupants chassés.
    Pour Dol, la conséquence la plus grave est la suppression de son évêché.
     
    Comme toutes les corporations ecclésiastiques, le chapitre de Dol est supprimé par le décret de l’Assemblée constituante du 12 juillet 1790.
    L’inventaire « des choses, titres et objets des ci-devant chanoines» a lieu dans la sacristie les 19 et 20 novembre 1790.
    Aussitôt, les portes se ferment sur plus de mille deux cents ans de mémoire religieuse. De justesse, la ville obtient de devenir chef-lieu de district mais ne peut éviter l’effondrement de son commerce et une faillite générale.
     
    Une bataille fratricide et sanguinaire.
    Peu après, la grande bataille de novembre 1793 qui suit le siège de Granville oppose dans les environs de Dol, puis dans ses rues, les troupes vendéennes menées par Henri de Larochejaquelein, à l’armée républicaine conduite par Westerman. C’est un drame monstrueux, effroyable, insupportable : entre 15 et 20 000 morts en trois jours !
    Une bataille furieuse… où les Français s’entretuent !
     
    Cette tragédie n’arrange en rien à la situation économique et morale de la ville.
     Plus tard, devenu aumônier de cette armée vendéenne, catholique et royale, Urbain-René de Hercé est fait prisonnier à Quiberon. Il est emprisonné à Vannes et fusillé au jardin de la Garenne,  après un procès bâclé. C’était le 28 juillet 1795, jour de la fête de saint Samson !
     
     
  •  
    Au XIXe siècle, la municipalité reconstitue son économie et relève les ruines héritées de la période révolutionnaire. Intervient alors une prise de conscience de la valeur historique de la cité. Tout est entrepris pour restaurer ce patrimoine. La cathédrale est l’objet de soins urgents. La mairie est construite. L’hôpital-hospice est réaménagé. L’enseignement se développe.
     
    Les rues sont élargies et on rétablit une halle. Le reste des remparts est sauvegardé et on y aménage des promenades. Le renouveau du commerce et de l’artisanat, la création d’industries et de manufactures (fonderie, tanneries, atelier de chaussures, usine électrique, etc.) entraînent l’accroissement général du niveau de vie et rétablissent la prospérité et l’équilibre social.
     
    L’arrivée du chemin de fer en 1864 métamorphose la physionomie de la ville, engendre de nouveaux boulevards et favorise un développement économique et touristique qui croît avec l’apparition de l’automobile.
     
    Les Dolois comprennent vite le prestige de leur patrimoine. Les maisons de caractère sont nettoyées. Les pans de bois retrouvent la lumière. On cesse d’abattre, on conserve, on classe. On maintient, avec pondération, une certaine « âme médiévale » tant appréciée.
     
     
  •  
     
    A partir de 1960, la vigilance s’intensifie et après l'apparition, en 1990, de la quatre-voies, les efforts se conjuguent pour inciter les visiteurs à s’arrêter : illumination de la cathédrale et importantes restaurations de ce monument, aménagement de ses abords, restauration du rempart et de ses tours, récupération partielle du chemin de ronde, zones piétonnes, signalisation, restauration ou mise en valeur de nombreuses maisons et monuments (puits, fontaines, piliers, pierres historiques), aménagement de la « Ville Nicault », de la piscine, d’une salle multisports, d’un nouveau cinéma, d’un espace culturel etc. Des atouts remarquables qui permettent à près de 6 000 Dolois de bénéficier d’un cadre de vie plaisant.
     
     
     
     
    La municipalité, l’office de tourisme, le groupement d’intérêt touristique, la communauté de communes, les diverses associations à caractère commercial ,industriel et culturel… tous œuvrent et poursuivent leurs missions pour transformer Dol en une ville toujours plus dynamique et accueillante.
    Un point de passage inévitable à l’entrée en Bretagne. Une étape privilégiée, pleine d’histoire et de traditions, mais aussi une cité résolument tournée vers l’avenir.
     
     
     
  • Se reporter aux livres de Patrick Amiot :

     

         

     

    En librairies et à l'office de tourisme.